Fringants, sociables, séduisants, les zèbres fiers de leurs élégants costumes rayés, de leur crinière bien taillée et de leurs sabots vernis paissent en troupeau dans les hauts herbages de Saint-Germain-des-Prés, du jardin du Luxembourg ou de Bagatelle. Assurés d’appartenir à la fine fleur de la gent équine, ces zèbres élitistes ne broutent qu’entre eux et ne s’accouplent qu’avec des femelles de leur voisinage. Ce sont des mammifères cultivés, informés et paisibles tant que l’on ne cherche pas à empiéter sur leur territoire. Ils peuvent alors mordre et ruer sauvagement pour chasser les importuns. Attachés à leurs compagnes, il leur arrive parfois de batifoler avec celles de leurs amis et, dans un moment d’égarement, avec des haridelles de moins haut lignage. Quand viennent les beaux jours, ils entament leur transhumance vers de petits paradis connus d’eux seuls, à l’abri du vulgum pecus et des hordes de touristes en tongs. Sur les rivages de Patmos, de Sperone, de Formentera, de la Riviera, les zèbres en goguette aiment à se détendre dans la société de leurs semblables, jouant à qui l’emportera dans leurs joutes verbales et mondaines. Tous mâles dominants, ministre, académicien, écrivain, éditeur, journaliste, ils cherchent même en vacances à établir une hiérarchie entre eux. Les femelles ne sont pas en reste, qui occupent de hautes fonctions : médecin nutritionniste, directrice de rédaction, décoratrice ou animatrice télévisuelle. Détendus, bronzés, contents, loin du fracas du monde et de l’actualité stressante, ils se laissent aller aux langueurs estivales. Rien ne doit venir troubler ces moments enchanteurs.
(Exergue d’Un été chez les Zèbres)
Bienvenue chez les Zèbres !
La description socio-zoologique qui précède donne bien le ton de ce « journal » imaginé par Laurence DEFLASSIEUX dont l’imagination et l’humour nous plongent dans un univers on ne peut plus zébré…
L’ingénue Luce Ysengrin explore pas à pas un monde qui lui est étranger, à l’instar d’un Candide, à son époque, sur un ton jovial et enlevé … Il en découle une drôle de satire de mœurs, celle de toute une caste et d’une bien-pensance multi-culturelle en mode écolo-bobo-trans-woke …
Une irrésistible occasion pour l’auteur – qui a déjà fait des étincelles au Seuil puis en Livre de Poche avec d’Excellente famille, (une famille aristocratique aux valeurs et préjugés laminés par l’esprit soixante-huitard), de faire voler en éclat, cette fois, les nouveaux dogmes du XXIe siècle d’une plume aussi aiguisée que jubilatoire ! De quoi faire trembler l’Ego de tout le troupeau, à commencer par les deux « Zèbres en tenue de fête » figurant en couverture : croqués sur le vif par l’artiste animalier Chantal de Crissey, leurs rayures reflètent déjà le récit haut en couleur qui s’ensuit …
La compagnie s’extasie sur tout et rien, se complimente, se congratule en vidant une piscine ou un verre de barolo. On attend l’épouse de Fred Gaulois, Flore, qui arrive avec un bon quart d’heure de retard. Biniou l’engueule mais elle ne bouge pas d’un cil, indifférente, altière, lointaine. C’est un tanagra sans âge, lèvres carmin, cheveux blancs, maigre comme un vélo de course et pâle comme la mort. Je la connais par les gazettes et la télé. Médecin spécialisé dans les maladies gastriques, c’est la reine de la diététique, la championne du zéro pour cent, du sans gras, sans sel, sans sucre, sans joie. Nous passons à table. Je suis dans mes petits souliers. Parmi tous ces fameux, ces glorieux, où vais-je trouver ma place ? La cuisine politique m’indiffère, la marée permanente des actualités internationales aussi. Je confonds Pakistan et Afghanistan, Iran et Irak. À l’opposé de ma soeur et de ma belle-famille qui ressentent le besoin impérieux d’être informées de tout ce qui passe dans le monde, je limite mes centres d’intérêt
Passons à ces messieurs : Fred, Odon et Sixte. Mieux informés que les Renseignements généraux, ils naviguent avec aisance dans les coulisses du monde politico-médiatique. Leurs propos sont dépourvus de tout jugement. Dans ces temps de moralisme à tous crins, ça fait un bien ! C’est décousu, amusant, cruel. En un mot, parisien. Qui prétend que les hommes n’aiment pas les cancans ? Je suis noyée sous un torrent de noms fameux ou obscurs, de scandales étouffés, d’anecdotes saignantes. Qui à la rentrée décrochera la présidence de France. Quel ministre a obtenu les palmes académiques avec une biographie de Bossuet plagiée sur la thèse d’un obscur étudiant. Qui porte des dessous en dentelles sous son short de tennis. Qui a envoyé à son assistante parlementaire la photo de son instrument au garde-à-vous
ÉVÈNEMENTIEL – PRESSE
- Dédicace Ibacom éditions 20 Novembre 2024
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